La transpiration de l’éléphant d’Afrique est un phénomène mineur dans la régulation de sa température corporelle, un autre mécanisme entre en jeu. La peau de l’éléphant d’Afrique est couverte d’un très grand nombre de micro-crevasses. Celles-ci retiennent l’eau qui en s’évaporant rafraîchit son corps. En effet, la peau est couverte d’infimes crevasses qui sont non visibles à l’œil nu, mais peuvent retenir une grande quantité d’eau.
Chez les humains, la transpiration est un moyen efficace pour réguler la température corporelle. Chez les animaux, le nombre de glandes sudoripares est très variable d’une espèce à l’autre. Par exemple chez le chien, les glandes sudoripares, celles qui sécrètent la sueur, sont essentiellement localisées au niveau des coussinets de leurs pattes. S’ils ne transpirent pas suffisamment, certains animaux sont ainsi obligés de s’adapter pour réguler leur température.

La peau des éléphants d’Afrique est dépourvue de glandes sudoripares alors qu’ils vivent sous des climats très arides. S’ils ne transpirent pas, comment font-ils pour réguler leur température ? Ils humidifient régulièrement leur peau qui a donc la particularité d’être très poreuse. Ainsi stockée, l’eau en s’évaporant refroidit l’animal. Des chercheurs de l’université de Genève ont démontré que cette étonnante particularité provient de la structure très particulière de la peau de l’éléphant.
En effet, la couche la plus externe de la peau du pachyderme, la couche cornée, est constellée de micro-crevasses. Ces fissures qui peuvent faire jusqu’à un millimètre de profondeur permettent d’absorber cinq à dix fois plus d’eau, dont l’évaporation régulière assure la régulation de la température. Cette particularité n’est cependant pas présente à la naissance de l’éléphant.

Les nouveau-nés en sont dépourvus. C’est au cours de la première année que ces fractures apparaissent.
Comment apparaissent ces craquelures ?
Chez l’éléphant, la couche cornée est très épaisse, c’est à cette particularité que l’espèce doit sont nom, en effet pachyderme en grec signifie peau épaisse. En effet, l’éléphant n’élimine pas contrairement aux humains, les cellules mortes qui apparaissent en permanence à la surface de leur peau. Pour expliquer ces fissurations, les chercheurs on émit une première hypothèse :
La fracturation serait due au dessèchement de la peau, mais les motifs que formaient les craquelures dans leur modèle ne correspondaient pas aux formes polygonales présentes chez tous les éléphants étudiés.
C’est grâce à l’exploration au microscope de la peau des éléphants que les chercheurs ont pu mettre en évidence une particularité expliquant ce phénomène. Sous la couche cornée, la peau n’est pas lisse comme chez la plupart des mammifères, mais vallonnée, recouverte de millions de petites bosses. Ces vallons contraignent la couche cornée à se plier et à se fracturer.

Chez l’éléphant d’Asie, la couche cornée est beaucoup plus fine et malgré son aspect vallonné, la peau ne présente pas ces fractures. Les chercheurs expliquent ce phénomène par le fait que les contraintes évolutives n’ont pas été les mêmes : « L’éléphant d’Asie vit dans un climat beaucoup plus humide, où le refroidissement par évaporation de l’eau n’est pas une stratégie efficace. »
La porosité de la peau de l’éléphant d’Afrique est donc due à deux facteurs, l’épaisseur de la couche cornée et le relief de l’épiderme.
Référence : A. F. Martins et al., Locally-curved geometry generates bending cracks in the African elephant skin, Nature Communications, vol. 9, article 3865, 2018.